Combien coûte l'absentéisme en France ? Quels sont les facteurs clés ? Découvrez comment calculer le vrai coût de l’absentéisme pour l’entreprise et les solutions pour le réduire significativement.
D’après une étude réalisée par l’Institut Sapiens et relayée par LePoint.fr et le site du Parisien, l’absentéisme a un coût. Et par n’importe lequel : ce serait plus d’une centaine de milliards d’euros… par an ! Quelles en sont les causes et les conséquences pour l’entreprise ? Quels sont les indicateurs clés à considérer dans le processus RH ? Découvrez le coût réel de l'absentéisme en entreprise et les solutions pour lutter efficacement contre le phénomène.
Quel est le coût réel de l'absentéisme ?
Parmi les pôles clé de la stratégie d’entreprise, la lutte contre l’absentéisme fait partie des défis à relever par les DRH afin d'améliorer les performances. Zoom sur les études et chiffres clés pour y voir plus clair sur le vrai coût de l'absentéisme en France.
17,2 jours d'absence et 4000 € de coût par an et par salarié !
En 2015, une étude du cabinet Ayming en partenariat avec AG2R La Mondiale, réalisée auprès de 26 230 entreprises françaises employant plus de 960 000 salariés, révèle que ces derniers s’absentent en moyenne 16 jours par an. L’étude, détaillée dans une vidéo publiée sur LeFigaro.fr, évalue le coût global de l’absentéisme au travail à 60 milliards d’euros :
- 45 milliards d’euros de coûts directs : maintien du salaire, coût de remplacement temporaire, etc.
- 15 milliards d’euros de coûts indirects : prévention, prévoyance, cotisations d’accidents du travail.
Le même cabinet réalise une nouvelle enquête en 2017 auprès de 1 836 802 salariés et le résultat est sans appel : le taux d’absentéisme connaît une hausse et atteint 4,72 %. La durée moyenne d’absence s’élève ainsi à 17,2 jours par an et par salarié.
Plus récente, l’Institut Sapiens est à l’origine d’une étude « sur l’origine et le coût de l’absentéisme en France », relayée par divers journaux en ligne. Les auteurs font part d’un coût faramineux qui atteindrait 108 milliards d’euros par an. Or, ce coût n’est pas comptabilisé par les entreprises. Dans ce dernier calcul, les auteurs intègrent non seulement les salaires versés aux salariés absents mais aussi :
- le temps passé par les salariés présents pour compenser les dysfonctionnements engendrés,
- l’achat de services externes non prévus.
Soit un coût moyen d’un peu plus de 4000 euros par an et par salarié !
L’étude enfonce le couteau : cela représente l’équivalent du budget de l’Éducation nationale ou 4,7 % du PIB.
Bon à savoir* En France, le taux d’absentéisme atteint 4,72 % dans le privé (soit 21,3 millions de salariés) et 8,34 % dans le public (soit 5,3 millions de salariés). Ce qui revient à 10 jours d’absence en moyenne par an et par employé dans le privé et 18 jours dans le public. Un coût moyen plus élevé dans la fonction publique territoriale (6223 euros contre 3521 euros) pour une moyenne de 4059 euros par an et par employé. Multiplié par les 26,6 millions de salariés du privé et les fonctionnaires, cela représente 107,9 millions d’euros. Une somme colossale qui équivaut à :
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Des absentéismes différents et des secteurs plus ou moins touchés
L’absentéisme est variable selon les secteurs. Le secteur des services est le plus durement touché avec un taux de 5,65 % en 2015, tandis que le BTP affiche un taux d’absentéisme de 3,90 %, selon les chiffres de l’étude Ayming.
L’âge serait aussi un facteur déterminant : il faut compter en moyenne 11 jours d’absence par an chez les moins de trente ans contre plus de trois semaines, passé 55 ans !
Enfin, l’inégalité hommes-femmes s’invite également dans ces chiffres avec, respectivement 13,6 et 18 jours par an.
Le saviez-vous ? ** Dans les collectivités territoriales, les agents sont plus nombreux à s’absenter, plus souvent et pour des durées plus longues. Or, les moyennes cachent en réalité de grandes disparités suivant la taille des collectivités et des hôpitaux étudiés par l’étude. Le taux d’absentéisme varie entre 7,5 % et 10,4 % selon l’effectif de la structure ! Les fonctionnaires territoriaux sont ainsi deux fois plus nombreux à s’arrêter dans les grandes collectivités que dans les plus petites. |
Concrètement : comment calculer le coût de l’absentéisme ?
Les études le montrent bien, l’évaluation du coût des arrêts de travail est complexe. Il prend en compte de nombreux indicateurs : niveau de rémunération, accord collectif (délai de carence pris en charge ou non en cas d’absence maladie, remplacement ou non), etc.
1. Les coûts directs :
Il s’agit du montant des salaires bruts et des cotisations sociales qui correspondent à la période d’absentéisme du salarié.
Le complément patronal est ainsi à prendre en compte, par rapport aux indemnités journalières de sécurité sociale et le maintien du salaire pendant le délai de carence.
Ce coût dépend de la politique RH de l’entreprise ou encore de la convention collective (notamment pour la question du maintien ou non de salaire pendant le délai de carence).
Il faut également tenir compte du manque à gagner pour l’entreprise en intégrant au coût direct de l’absentéisme, l’absence de contribution à la valeur ajoutée du salarié durant la période de non présence.
2. Les nombreux coûts indirects :
Parmi ces coûts « cachés » :
- Le coût de remplacement : le salarié est-il remplacé ou son travail réparti entre les autres salariés avec une rémunération en heures supplémentaires ?
- Le coût de gestion des absences : cette gestion représente une perte de temps souvent importante pour les services des ressources humaines.
- Les coûts liés aux dysfonctionnement engendrés : en terme d’organisation, de formation, etc.
- Les coûts d’improductivité par manque éventuel de compétence et donc de performance du remplaçant affecté à la tâche qui incombe habituellement au salarié absent.
Un tableau récapitulatif des différents types et natures de coûts de l’absentéisme est consultable ici.
Absentéisme et conséquences sur le bien-être de tous
Les conséquences, outre les chiffres alarmants qui impactent la productivité des entreprises, sont à mettre en relation avec les coûts indirects de l’absentéisme au travail, énumérés ci-dessus. Auxquels on peut ajouter une conséquence social : un risque de détérioration de la qualité de vie au travail. Augmentation de charge de travail, gestion, organisation, heures supplémentaires… qui peuvent conduire à une démotivation et affecter tout le service.
Les conséquences sur la productivité ou une qualité du travail moins bonnes peuvent survenir. Le service RH également surchargé, c’est toute la vie et l’image de l’entreprise qui se trouvent impactées.
Burn-out et troubles musculo-squelettiques, au coeur de l’absentéisme
Les causes de cet absentéisme de masse sont multiples. Congés maternité, maladies et accidents du travail font partie des absences classiques et inévitables. Mais elles ne représentent en réalité qu’un tiers de l’absentéisme au travail.
Sans tomber dans le cliché du salarié oisif… l’Institut Sapiens pointe les absences dites « de convenance », c’est-à-dire ponctionnées sur le temps de travail pour des raisons privées. Selon l’étude, dans 99 % des cas, les causes de ces absences reposeraient sur des raisons physiques, comme les troubles « musculo-squelettiques » ou psychologiques, ce sont alors les fameux burn-out. Un phénomène de plus en plus invoqué dans le monde du travail, qui montre un véritable enjeu de société.
En cause, donc, les conditions de travail dégradées sont un réel problème. Ces conditions sont à mettre en corrélation, toujours selon l’étude, avec de sérieuses défaillances managériales. Un management qui peine à se renouveler et applique toujours des méthodes et des conceptions passéistes de l’organisation et des rapports humains et professionnels au travail. Nombreux sont les salariés à mentionner un manque de considération ou une perte de sens propres à leur tâche.
Comment réduire ou prévenir l’absentéisme ?
Compte tenu de cette dégradation des relations humaines au sein des entreprises pointée du doigt par les études, on ne peut qu’encourager l’amélioration des conditions de travail.
89% des collaborateurs sont plus motivés au travail quand l’employeur prend en considération le bien-être physique et mental au bureau.***
La lutte contre l’absentéisme au sein des entreprises privées ou de la fonction publique peut engendrer des économies pour l’entreprise dès lors qu’une politique au sein du processus RH est mise en place. Différentes solutions peuvent être efficacement mises en place pour favoriser l’engagement des salariés et ainsi, réduire significativement l’absentéisme :
- Féliciter, encourager, reconnaître et souligner les succès des salariés car en effet “82% des salariés préfèrent de la reconnaissance**** à un cadeau”,
- Favoriser la collaboration entre les équipes,
- Mettre en place des programmes de formation adaptés aux envies et aux besoins des salariés,
- Pratiquer le partage d’expérience et de success stories (en particulier dans la fonction commerciale),
- Utiliser les services d’un CHO en interne ou externalisé (Chief Happiness Officer) pour renforcer le bien-être au travail selon un plan d’actions précis,
- Utiliser des tableaux de bord RH, par la mise en place d’indicateurs, pour analyser les données quantitatives et réglementaires de l’absentéisme et les données qualitatives par exemple liées à la qualité de vie au travail.
- Mettre en place le home office (télétravail), de plus en plus proposé et apprécié par les salariés et les employeurs. En effet, les télétravailleurs estiment que cette pratique garantit une meilleure autonomie (90 %) et une plus grande efficacité (87 %) dans leur travail. L’engagement des salariés (82 %) arrive en tête des bénéfices cités par les dirigeants. Les bénéfices du télétravail se lisent également en termes de bien-être et d’épanouissement personnel. *****
En évaluant le véritable coût de l’absentéisme dans l’entreprise, les DRH peuvent mieux appréhender ses conséquences directes et indirectes. Ils ont alors les moyens de sensibiliser les responsables et directions au rôle favorable qu’ils peuvent jouer sur la présence et les performances de l’entreprise. La qualité de vie au travail permettrait en effet de diminuer l’absentéisme et, du même coup, favoriserait une meilleure croissance. Dans cet objectif, le rôle du management, associé aux bons outils, est crucial.
*étude de l’Institut Sapiens « sur l’origine et le coût de l’absentéisme en France » publié en 2018 et menée par Laurent Cappelletti et Henri Savall de l’Iséor.
**étude Sofaxis, courtier en assurance.
***étude Malakoff Médéric Janvier 2018
****Officevibe novembre 2016 sur 157 pays
***** Etude réalisée par l’IFOP auprès de 1500 salariés et 40 dirigeants d’entreprises